Les formes de la monnaie

Paypal, carte sans contact, monnaie physique, virement, troc, chèque, carte bancaire … Le choix est là.
Sans parler de ces mails délicieusement ornés de perles orthographiques qui vous intiment de verser des bitcoins sur un compte au libellé étrange.
La monnaie est dans tous ces états, dans tous ses états.

Sonnante ou scripturale ?

Réduisons le modèle à deux schémas pour simplifier le paysage : d’une part les pièces et billets que nous appellerons monnaie fiduciaire et d’autre part les écritures proposées sur les relevés bancaires, la monnaie scripturale.

La monnaie fiduciaire

On la nomme sonnante en référence à la pure sonorité des pièces constituées exclusivement de métaux nobles et trébuchante pour mentionner la pesée sur le trébuchet.

La fabrication de la monnaie fiduciaire est du ressort exclusif des banques centrales ; elle est distribuée par les banques commerciales dans leurs guichets et dans les distributeurs automatiques. Sa part dans la monnaie en circulation est faible, moins du dixième.

On prête à bien des gouvernements la volonté d’aller encore plus loin et de supprimer totalement la monnaie fiduciaire d’ici vingt ans. Le but avancé est de freiner le travail au noir, le blanchiment de l’argent et l’économie souterraine ; une crainte est qu’elle serve à surveiller les comportements des utilisateurs. Aujourd’hui, la demande en cash reste pourtant forte. Peut-être est-ce lié à la crise, peut-être une conséquence de la spéculation avec 30% des billets hors de la zone euro mais quoi qu’il en soit les heures de la monnaie fiduciaire semblent comptées.

La monnaie scripturale

La monnaie scripturale apparait sur les relevés bancaires. Lorsque le salaire est versé par un employeur, une écriture crédite le compte du salarié. Puis au fil de la consommation le compte est débité au profit de grandes surfaces, de fournisseurs de forfaits télécom, de restaurants ou de vêtements.

La monnaie scripturale ne date pas de l’informatisation des banques. Utiliser des tablettes pour enregistrer des mouvements entre compte était déjà d’actualité … il y a quatre millénaires dans la civilisation sumérienne. Les tablettes certes étaient d’argiles mais les écritures étaient similaires à celles qui ont cours de nos jours. Intuitivement on conçoit que le troc a ses limites. Échanger des fraises contre des poires se heurte à un problème de saisons qui pourrait se résoudre par des écritures : on inscrit sur une tablette que A délivrera à B des poires à l’automne en l’échange de fraises reçues au printemps, que C recevra après récolte une partie des grains qu’il a contribué à produire. Tablettes et virements ne datent pas d’hier.

La monnaie scripturale est de très loin la plus répandue aujourd’hui.

Plus de la moitié des règlements se font par carte, plus du tiers en virements ou prélèvements et à peine plus du dixième en chèques.

La technologie propose son lot de méthodes pour faire les écritures n

Monnaies électroniques

Formellement, le terme de monnaie électronique est réservé à feu le modèle Monéo. Le compte de l’utilisateur est débité d’un montant crédité sur la carte Monéo. Lors d’un règlement, la carte est débitée au profit du compte du vendeur. La carte supporte effectivement la monnaie. Égarer la carte signifie en perdre les fonds. Ces fonds peuvent être dépensés par tout autre personne en possession de la carte. C’est un porte-monnaie électronique.

Le langage a ses abus et paiements par carte, par smartphone voire virements bancaires ont souvent droit à l’appellation électronique.

Crypto-monnaies, monnaies virtuelles

Le terme crypto-monnaies renvoie aux monnaies gérées par une blockchain. Les caractéristiques de cryptographie ne sont bien entendu pas exclusivement issues de la blockchain mais la souplesse d’exploitation d’une monnaie sans tiers de confiance en découle. Le terme crypto-actif utilisé par l’AMF semble plus approprié.

Fondamentalement le repos ou l’absence de repos sur une valeur intrinsèque (voir Combien vaut la monnaie ?) crée deux familles de monnaies. Le bitcoin par exemple ne doit sa valeur qu’à la loi de l’offre et de la demande et son cours erratique lui interdit en toute rigueur la qualification de monnaie.

À l’opposé, le tether ou la libra assoient leurs cours sur une monnaie voire un panier de monnaies reconnues. Ils y gagnent la stabilité. Par construction, la démarche consiste à convertir des devises d’État en monnaie privée puis d’utiliser cette monnaie privée pour commercer. C’est de fait un moyen de paiement que l’on pourrait rapprocher de Paypal.

 

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Auteur: 
Jacques Baudron - Secrétaire Forum ATENA - septembre 2019 - jacques.baudron@ixtel.fr

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