Manifester ou se manifester ?

Le jeudi 5 décembre 2019 près d’un million de Français, ont manifesté dans la rue, se disant persuadés que le modèle social tricolore est en danger.

Le même jour on apprend que la France affiche le taux de pression fiscale le plus élevé des pays développés. En 2018, dixit l’OCDE, le taux de prélèvements obligatoires s’est établi à 46 % du PIB (stable par rapport à 2017). D'importantes baisses d'impôts (ISF, taxe d'habitation) ont été compensées par des hausses (CSG, fiscalité écologique) et des recettes fiscales dynamiques.

Le tout avec un endettement de 100% du Produit Intérieur Brut et un déficit budgétaire chronique.

En bon sens, on peu avancer trois hypothèses.

  1. Cette pression fiscale record signifie qu’il y a une volonté politique de maintenir ce modèle social debout. Donc le jugement porté sur ce qui le menacerait est excessif.
  2. Une certaine méconnaissance de l’économie est à noter. L'état des lieux est le suivant :

    • Les Français ignorent  les fondamentaux de l’économie et ne regardent pas les chiffres.
    • L’élite, même, a longtemps ignoré le nouveau paradigme économique de la troisième révolution industrielle de 1980. Quelle économie sommes nous en train de quitter ? Dans quelle économie entrons-nous ?
    • Face aux métamorphoses du monde, les économistes semblent impuissants. Ils doivent changer radicalement leurs représentations théoriques, anciennes et inefficaces.
  3. La pression fiscale record finance un modèle social couteux et particulièrement peu efficace. Les sujets essentiels comme la santé, l’éducation la formation sont mal traités.

Sans oublier que les fonctionnaires, acteurs du service public qui n’atteint pas ses objectifs, sont les éternels premiers manifestants et grévistes.

Le phénomène n’est pas nouveau. Pourtant la France connaît depuis un demi-siècle une frénésie de réformes appelées politiques de « modernisation ». En réalité les résultats sont pour le moins modestes.

Face à ces blocages, ces défis, ces paradoxes le rôle de l’Atelier Etat plateforme de Forum ATENA prend à mon avis tout son sens.

La nécessaire plateformisation de l’Etat revient à comprendre les modèles d’affaires de la troisième révolution industrielle ; et à admettre que ces modèles s’appliquent aussi aux biens non marchands et aux services publics.

En quoi cette troisième révolution industrielle, ayant comme intrant la donnée, est-elle intelligente? Pourquoi et comment elle peut apporter innovation, productivité, croissance ? Quelles en sont les menaces et opportunités? Comment favoriser des intelligences humaines plus larges. Pourquoi comprendre, maîtriser et utiliser l’intelligence artificielle?

L’intelligence économique, version classique et version nouvelle, permet de développer un état d’esprit et une méthodologie indispensables à la relation au nouveau paradigme économique en général et à l’intelligence artificielle, fille de ce paradigme, en particulier.

Les propos de Geneviève Bouché et Bernard Biedermann, ancienne et nouveau responsables de cet atelier Etat plateforme sont pertinents.

«  Le développement du numérique ne cesse de nous interpeller sur le bien commun et le bien privé. Cela concerne les données, la jouissance des réseaux, les savoirs, les images, le code… 

Par exemple, le code qui est dans nos objets intelligents est supposé être conforme à la loi, mais quelle loi et comment pouvons-nous en être certains, comment se répartissent les responsabilités et les évolutions ?

Les technologies bouleversent peu à peu les fonctions régaliennes. Les entreprises se mettent à les remplir elles-mêmes.

Certaines deviennent plus puissantes que des états en termes de capacité d’influence, de prédictions et de répression éventuelle. Parfois même elles les dominent financièrement. 

Les états doivent donc se réinventer. La notion d’état plateforme qui émerge actuellement repose sur une idée régalienne de la gestion du bien commun et des valeurs partagées. 

Au cœur de cette transformation, il y a les données que nous sécrétons du simple fait que nous existons. L’idée qui se dessine consiste à faire en sorte que l’état devienne la plaque tournante qui gère, contrôle et qui favorise l’efficacité globale de nos systèmes (financier, sociale, environnemental, démocratique…). 

En amont de ces opportunités prometteuses, il a un travail humaniste de redéfinition de notre vivre ensemble dans un monde où le numérique (l’immatériel) reconfigure nos priorités : après la sédentarisation qui se termine par l’ère industrielle, nous entrons dans une ère où l’homme se préoccupe de son accomplissement social et plus seulement physique.

Il y a  nécessité de se pencher concrètement  sur les projets existants et à venir, de l'Etat, en  termes  d'avantages économiques pour le service public , d'organisation et de management mais aussi  de sécurité, de confidentialité et de souveraineté. »

 

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Auteur: 
Christophe Dubois-Damien

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