Mot du Président

Parlons neutralité du net, car la thématique, pour être complexe, n’en est pas moins trop importante pour prendre le risque de n’être pas compris. En fait, pour moi, le problème n’est pas vraiment bien posé, les questions étant de deux ordres :
 
L’ordre de la liberté :
  • Exclure toute discrimination des contenus,
  • Exclure toute discrimination de toute source, origine d’information,
  • Exclure toute discrimination de la destination de l’information.
    Hors décision d’un juge, pour contenu illicite.
L’ordre de l'économie :
Une fois ces principes de liberté rappelés, et face aux augmentations très importantes des volumes transmis par le Net, la question est de savoir qui doit financer les investissements auxquels l’ensemble des acteurs, et plus particulièrement les opérateurs d’infrastructure, doivent faire face. En d’autres termes : Qui doit payer ?
  1. Le FAI ? C’est compliqué, certes, il doit faire les investissements sur son infrastructure, correspondant aux différents trafics, pour que ça marche, que la qualité soit assurée ! Mais il est difficile d’imaginer que ce soit infini, même si, heureusement, les immenses progrès technologiques accumulés depuis des dizaines d’années permettent de produire toujours plus de trafic pour un budget sensiblement maîtrisé (ne l’oublions pas).
  2. Le fournisseur de contenu ? Surtout pas, il créerait une dépendance économique vis à vis du FAI, et se rendrait maître à terme de l’infrastructure d’accès en interdisant par sa puissance à un nouvel entrant de financer comme lui l’infrastructure !
  3. Le client ? A bien y réfléchir, c’est le seul qui soit directement responsable de ce qu’il consomme. Doit-il payer en fonction de la charge qu’il fait supporter aux réseaux d’accès (FAI) et de transport ? C’est d’ailleurs la situation dans le mobile. Historiquement ça ne l’est plus dans le fixe depuis l’arrivée de l’Internet illimité. Là est le mot qui fâche « illimité » la bande passante est-elle illimitée, les investissements peuvent-ils être illimités ? En fait, ils sont fonction essentiellement du volume transporté.
Pour le client final, un abonnement illimité est confortable, rassurant, mais est-il juste ? Pourquoi l’abonnement est-il illimité ? Du moins pour les gros, et surtout les très gros consommateurs, c’est-à-dire moins de 2 % des abonnés, qui consomme à eux seuls 50, voir 80 % de la bande passante ?
Pourquoi les prix des accès ne sont-ils pas facturés en fonction du volume, ou pour le moins en fonction de leur niveau de performance ? Cela provoque un déséquilibre que les acteurs cherchent à compenser, et n’incite pas assez les acteurs à investir.
Les débats actuels ne sont que le reflet de ces tensions.
 
Pour info, et pour illustrer que ces choses sont assez complexes, en France Netflix (catalogue de VoD en suscription mensuelle) paye Orange, SFR et Bouygues Telecom pour qu’ils transportent priororitairement ses flux vidéo (et pas Free). Ce point n’est que peu dénoncé, et c’est pourtant une entorse à la neutralité du Net, encore applicable en France et en Europe.
Il resterait à être plus précis, plus complet dans la description de la situation, mais gardons cela pour l’année prochaine.
 
Bonne fête de fin d’année, et à 2018 pour poursuivre le débat. 

 

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Auteur: 
Philippe Recouppé, Président de Forum ATENA

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