Etat plateforme, quelques questions

Dans une première approche, grâce à l’état plateforme la société civile développe des biens et services à l’aide de ressources que l’état a mis à disposition des acteurs privés. Ainsi, les données des systèmes d’informations des acteurs publics, offres de Pôle emploi, base d'adresses, données de la CNAM, etc seraient disponibles. On passerait ainsi d’un service public centré sur l’administration à un service public centré sur l’usager. Ces nouvelles conceptions sont bien entendu liées aux applications du numérique. Se pose alors la question de la rencontre entre nos « anciennes administrations » et les améliorations que peuvent leur apporter le numérique dans pratiquement tous les domaines.  Peut-être faudrait-il alors redéfinir les missions et les champs de responsabilité de l’Etat par rapport à celles du privé.

En France, on a pris conscience de l’importance de cette révolution. Un secrétaire d’Etat au numérique a été nommé ; il est rattaché au premier ministre. On ne peut que s’en réjouir dans la mesure où l’administration française est en retard en matière de numérique et que la majorité des politiques sont d’accord pour réduire le poids de l’Etat. Mais il faudra du temps car dans ce domaine il faut de la patience, du courage et des compétences.

Avec le temps, les hausses continues d’impôts et de taxes associés à des exigences croissantes à l’égard des services publics se traduisent par la conscience citoyenne que rien n’est gratuit ; c’est notamment le cas en matière de santé. Se pose alors la question des coûts de ces services publics. Ne pas utiliser les applications du numérique pour diminuer les coûts s’avère être, du point de vue du citoyen, de plus en plus condamnable. C’est un peu comme si le jardinier de la mairie continuait à ramasser les feuilles mortes à la main alors qu’il dispose d’un râteau lui permettant d’effectuer son travail en deux fois moins temps. Dans nos administrations, des gains de productivité potentiels sont possibles au niveau des employés, par une meilleure organisation et par une nouvelle culture de management. Dans ces orientations les applications du numériques peuvent contribuer à plus d’efficacité. La santé, l’éducation, les finances, la gestion des territoires sont concernées mais les retards spécifiques à la France continueront à peser sur les charges de nos entreprises. Dans certains domaines il y a obligation technique à s’équiper de produits les plus performants et les plus récents, c’est le cas dans l’armée en lutte contre le terrorisme qui lui aussi sait s’équiper (réseau télécom sur les fronts en guerre).

Dans la santé, des résistances plus ou moins justifiées, ralentissent l’innovation. C’est le cas du fichier de la CNAM, des freins concernant les IRM, de l’utilisation d’application de support au diagnostic, des méthodes de prévention. Les coûts incrémentaux de ce genre de projet pourraient être compensés par des gains dans l’organisation et aussi en instaurant une gestion des dossiers commune à la CPAM et aux complémentaires. La Cour des Comptes propose régulièrement des améliorations qui vont dans ce sens.

En interne il y a également nécessité d’améliorer la qualité des projets .Ces dernières années on décompte plusieurs échecs : le dossier médical personnel lancé en 2004 par Douste-Blazy, les logiciels de comptabilité de l’Etat (Accord II , Chorus), l’opérateur national de paie des fonctionnaires, le logiciel de paie de l’armée de terre Louvois, le RSi, le Registre national commun de la Protection sociale…Se pose alors la question de la gestion de la confidentialité de nos données gérées par les administrations.

L’Etat plateforme doit se traduire par des services publics plus efficaces, plus rapides, plus souples et moins couteux. Dans ce contexte, se repose la question des missions de l’Etat et particulièrement ses responsabilités vis-à-vis des marchés privés. Que penser du souhait d’Edouard Philippe lorsqu’il dit « nous demanderons aux investisseurs étrangers de solliciter une autorisation lorsqu’ils souhaitent investir dans une entreprise d’un secteur d’avenir : intelligence artificielle, spatial, stockage de données, # PACTE ». Les conditions actuelles se caractérisent par, les contraintes de l’international, un flux permanent   d’innovations, la nécessité de décider avec agilité et rapidité. Les impacts sur le marché du travail sont forts. Peut-on alors continuer à confier la formation professionnelle et l’apprentissage à l’éducation nationale ou plutôt faire confiance aux responsables de terrain comme le MEDEF qui propose de « remplacer la carte régionale des formations par un « mapping » dynamique pour donner aux entreprises et aux organisations professionnelles la faculté d’ouvrir elles-mêmes des CFA ». Dans le domaine juridique l’Etat devra anticiper les évolutions des marchés avec beaucoup plus de pertinence pour éviter d’avoir à traiter des problèmes à postériori comme pour Uber….

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Auteur: 
Bernard Biedermann - Conjoncture et Décisions

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