Quand le but d’une association est de diffuser la culture « sécurité du numérique » vers le plus grand nombre, peut-on accepter que la moitié de la population, pour des raisons diverses mais jamais bonnes, ne semble pas se sentir concernée ?
Cette moitié, ce sont les femmes. Elles ne représentent encore aujourd’hui que moins de 15% de la population que l’on côtoie dans les métiers de la sécurité du numérique alors que les postes sont si divers, si intéressants et sont accessibles, bien évidemment, aux hommes comme aux femmes si on a acquis les compétences pour les occuper.
La sécurité du numérique, c’est de la technique, mais aussi du droit (de plus en plus), des règlements et directives, des normes, de la géopolitique, de l’Intelligence économique et stratégique et divers autres métiers. Elle permet à chacun et à chacune de pouvoir s’épanouir dans une fonction évolutive, intéressante, et pouvant impliquer de grandes responsabilités.
J’ai fait le compte de celles qui ont écrit dans le livre collectif de Forum ATENA : « Mythes et légendes des TIC ». Dans le tome 1, on trouve 3 femmes sur 54 auteurs soit 5,6% des auteurs. Dans le tome 2, toujours en développement, il y a dans la version actuelle, 3 femmes sur 16 auteurs, soit 18,8%. C’est un peu mieux certes mais loin d’être satisfaisant.
Pour lire ce que ces dames ont écrit :
Il ne tient qu’à vous mesdames de relever le défi, et j’en connais beaucoup parmi vous qui pourraient briller, être très visibles, dans le tome 2 de ce livre collectif et qui ont beaucoup à écrire et à faire-savoir.
Prenons maintenant les intervenants de nos « Lundi de l’IE » du Medef Hauts-de-Seine qui se tiennent cette année, une fois par mois un lundi de 18h à 20h, à Télécom ParisTech, rue Barrault Paris 13e.
Au 1er semestre 2018, une seule femme (Myriam Quemener en mars) pour 8 intervenants, soit 12,5%
Année 2017 : 3 femmes pour 17 intervenants, soit 17,6%
Année 2016 : 5 femmes pour 16 intervenants, soit 31%, sans compter, il est vrai, en mai, l’intervention mémorable de toute la promotion des auditeurs du CHECY – Centre des Hautes Etudes de la Cybersécurité - sur les blockchains, qui comptait plusieurs auditrices.
Prenons encore l’année 2015 : 4 femmes pour 15 intervenants, soit 26,7%.
C’est loin d’être satisfaisant, sauf peut-être en 2016.
Il est sûr que Béatrice Laurent, Secrétaire générale du Carré des Entrepreneurs, et moi ne recherchons pas systématiquement des hommes pour leur donner la parole à un Lundi de l’IE, mais, il faut bien constater que les intervenantes chaque année ne sont pas en majorité, loin de là.
Pour en savoir plus sur nos « Lundi de l’IE » qui font chacun l’objet d’une page web depuis 2012, explorez l’agenda en http://www.medef92.fr/agenda
Alors la question se pose, y compris au niveau des mastères professionnels et des MBA dans lesquels j’ai le plaisir d’enseigner : Pourquoi n’y a-t-il pas parité entre hommes et femmes ? Problème culturel ? éducation dès le plus jeune âge ? appréhensions diverses ?
Je n’ai pas la réponse mais une solution : Les actions des associations qui s’occupent de la promotion des femmes dans les métiers de la cybersécurité. Citons le CEFCYS, CErcle des Femmes de la CYberSécurité.
Le CEFCYS fête cette année ses 2 ans d’existence, et pour cela nous convie le 2 mai 2018, de 19h00 à 21h00 à un afterwork, sur le thème : Les femmes dans les métiers de la cybersécurité ». Lieu : Le Tank, 22bis Rue des Taillandiers, 75011 Paris. Evènement gratuit, ouvert aux femmes… et aussi aux hommes, je m’y suis inscrit : Inscription sur eventbrite : https://bit.ly/2qFqieY
Quel beau parcours depuis le temps où la présidente du CEFCYS, Nacira Salvan (docteure en informatique) distribuait dans l’obscurité du grand amphi de Lille Grand Palais, des feuilles présentant le CEFCYS durant une conférence au FIC 2015 ! Et quel équilibre réalisé pour tenir compte du fait que la sécurité n’est pas qu’une question de technique, depuis que maître Isabelle Landreau, avocate au barreau de Paris, docteure en droit, membre de l’ARCSI, a rejoint le CEFCYS comme vice-présidente !
Notons que l’association CyberEdu, créée en 2016 par l’ANSSI, qui forme les formateurs pour qu’ils ajoutent des notions de sécurité du numérique dans toutes leurs formations pour leurs étudiants de l’enseignement du Supérieur, est en train d’étudier un partenariat avec le CEFCYS. Au premier congrès du CEFCYS, cette association m’avait donné la parole pour présenter l’association CyberEdu que je préside, il est temps d’arriver aux actions concrètes.
Car les femmes représentent tout de même 50% de la population. On ne peut les ignorer alors que les métiers si passionnants de la sécurité du numérique manquent tant d’experts et d’expertes de haut niveau.
Auteur:
Gérard Peliks, président de l’atelier sécurité et VP de Forum ATENA
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