Mot du Président : De l’influence du RGPD sur les politiques des acteurs US, GAFA et autres institutionnels, et de l’influence réelle de l’Europe dans le monde

Après avoir dénigré le RGPD, et douté de son applicabilité, voilà que nos amis américains se reprennent et voudraient nous faire croire que c’est au centre de leurs préoccupations, et qu’ils sont même à l’origine de la réflexion, et que les petits incidents secondaires comme Facebook/Cambridge Analytica et consoeurs ne sont que détails.
 
Ne gâchons pas notre plaisir, c’est une première victoire, l'Europe est un marché crucial pour les géants du numérique, et ils ont compris qu’ils doivent s’adapter, ou du moins veulent-ils nous en donner l’impression ! Vous avez lu les nouvelles conditions d’utilisation des GAFAM ? Comme moi, vous avez peut-être essayé, et vous avez au moins commencé, mais la vie est courte, et que c’est long, long et fastidieux, alambiqué et bien peu compréhensible. Bizarre, c’est drôle comme ils n’arrivent pas à être clairs, eux qui le sont souvent pour les services qu’ils proposent.
 
Mais pour mieux comprendre où nous en sommes, reprenons quelques années en arrière, avant que le RGPD ne soit annoncé :
 
Dans une interview aux Echo en 2013, Vinton Cerf alors vice-président de Google, déclarait : Google ne vend pas les données personnelles, ce n'est pas notre "business model" , et un peu plus tard dans la même année "La vie privée peut être considérée comme une anomalie".
 
C’est curieux, en cinq ans, ce revirement, si complet, si sincère, cette conversion aux valeurs défendues par l’Europe ?
 
Et pourtant, aujourd’hui, pour Mark Zuckerberg, le patron de Facebook : "Pas question de remettre en cause un modèle gratuit basé sur la publicité. La vraie question, c'est quelle est la régulation appropriée ?" J’ajoute : le problème ne serait donc pas du modèle économique ? Décidément, les choses ne sont pas bien claires, et les récentes gesticulations ne me rassurent vraiment pas.
 
Au fait, et les Chinois ? Les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) auxquels il faudrait ajouter Huawei, ils en sont où ? Ils pensent quoi ? Ils font quoi ?
 
"Nous devons créer un Internet des Lumières, européen et humaniste", comme le dit Olivier Sichel, et il continue "Facebook est dans une injonction paradoxale. On leur dit : "Il se passe des choses sur votre plateforme que vous ne contrôlez pas." Eux souhaitent continuer de se développer et essaient de corriger les bugs que l'on découvre. Et ils deviennent les régulateurs de leur propre business parce que, en face, il n'y a personne pour le faire, pas d'interlocuteur."
 
Car, en fait, le danger est grand que nos valeurs ne puissent peser suffisamment dans l’équilibre mondial, et que l’absence de marché unique du numérique en Europe puisse  en être une des causes : les transpositions du RGPD en de multiples déclinaisons nationales en sont encore un exemple, alors que le règlement devait être applicable tel quel, sans transposition.
Dernière minute : Facebook aurait dépensé 3,3 millions de $ au premier trimestre 2018, rien qu’en lobbying ! Et Google 4 millions $. 
On se demande pourquoi ...
Mais, ami lecteur, il ne s’agit pas seulement de savoir quoi penser, il nous faut, il vous faut décider quoi faire. Ensemble ?
 

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Auteur: 
Philippe Recouppé - Président de Forum ATENA

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