La République En Marche nous fait marcher

« Un intellectuel assis ira moins loin qu’un con qui marche » affirmait Michel Audiard.

Mais un intellectuel qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis.

La réforme des retraites, défendue par le gouvernement face à la pression de la rue et des syndicats, est présentée comme la "mère de toutes les réformes".

Est-ce bien  vrai ?

D'autres transformations ne seraient-elles pas  plus urgentes et plus utiles pour la France ?

Il me semble. Il faut favoriser cette prise de conscience.

Les thinktanks du numérique, et Forum ATENA en premier lieu, sont des partenaires indispensables pour ce faire.

Le fait de prendre de la hauteur de vue n’empêche pas qu’un think tank puisse se consacrer exclusivement au sujet et formuler des pistes pour une réforme durable. Cela fera l’objet d’un second article.

Trois registres démocratiques ont façonné 2019 : la volonté de démocratie directe des gilets jaunes puis des manifestants grévistes de décembre, la démocratie participative issue du grand débat national à laquelle Forum ATENA entouré des quatre autres Think tanks français du numérique (Irest, Innocherche, la Fabrique du Futur, French Road) a participé, et la démocratie représentative, issue des urnes lors des élections européennes.

Une démocratie en trois scènes, qui semble plus fragmentée et conflictuelle qu'auparavant.

Les personnes nées avant le 1er janvier 1975 ne sont pas concernées par la réforme des retraites.

Les premières personnes visées par la réforme auront donc 60 ans en 2035.

Plutôt que de subir un blocage suite au conflit gouvernement / syndicat CFDT  sur l’âge pivot de départ 62 ou 64, qui risque de priver bon nombre de français de dinde de Noel, ne serait il pas plus intelligent d’avoir réfléchi, entre autres sujets, à ce que sera le travail à partir de 2035, compte tenu du paradigme économique nouveau et en particulier l’emploi des séniors, et ce que pourrait être une immigration intelligente pour solutionner le déficit démographique. 

Un grand pourcentage de Français pense que les élites politiques ignorent les problèmes du peuple.
La sociologie montre la rupture entre les modernes, les connectés-mondialistes et les anciens, les populations périphériques délaissées et dépitées. Elle montre les rivalités entre les personnes et les rapports de force entre les groupes.
L'économie montre la désindustrialisation, le chômage de masse, le déficit et le surendettement public, la perte de compétitivité et la chute des marges des entreprises.
En France ces difficultés sont antérieures à la crise financière de 2008.
Un nouveau modèle de société est apparu, un nouveau paradigme industriel est né.
Pourtant on constate un vide stratégique pour y répondre car les élites ne l’ont pas compris.

Le monde est entré depuis les années 1980 dans la troisième révolution industrielle avec comme intrants les processus normés et informatisés, les intrants des deux premières révolutions industrielles de 1780 et 1880 étaient la vapeur, l’électricité puis le pétrole.

Cette troisième révolution industrielle, la France l’a ratée.
Ou sont parmi nos élites les penseurs des transformations en cours, les éclaireurs de l’avenir, les pédagogues du changement ?

Face à ces retards, ces blocages et ces défis les experts des thinktanks du numérique ont un rôle à jouer. L'heure est à un changement de logiciel dans la sphère politique.

Nos institutions, inspirées par le Conseil National de la Résistance, ont été rédigées pour servir le précédent modèle économique : l’économie fordiste de la deuxième moitié de la deuxième révolution industrielle : économie de masse : masse de travailleurs de la grande entreprise pyramidale, normalisée, hiérarchisée, optimisée, cadencée par l’organisation scientifique du travail, fabricant des produits standardisés, faisant l’objet d’une consommation de masse sur des marchés grand public.
Il faut bâtir les Institutions permettant l’épanouissement et l’équilibre social du paradigme de l’économie numérique du règne de la donnée à l’ère de la multitude, de l’homme augmenté et de l’entreprise étendue, de l’innovation continue et du développement des territoires.

Nous assistons au passage de l'ère de la main d'œuvre du XXème à l'ère du "cerveau d'œuvre" du XXIème siècle.

De ce fait nous entrons dans la vague d'innovation ou destruction créatrice la plus forte de l'histoire de l'humanité.
Ce qu'on nome " numérique" n'est pas seulement une technologie et encore moins un secteur parmi d'autres. Cette informatique optimisée bouleverse la manière de produire et de consommer. Elle permet un rapprochement inédit de l'offre et de la demande. Elle transforme l'intermédiation.
L''homo numericus ne "va «plus seulement sur internet. Il se trouve à l'intérieur de l'écosystème internet. L'action, l'attitude, la place de l'homme siècle sont différentes dans l'économie numérique du XXIème et dans l'économie fordiste du XXème siècle.

L’homme est plonge dans un paradigme nouveau. Ce paradigme impose à l'ensemble de l'économie un changement de fonctionnements, usages et de méthodes. Elles sont directement liées à la mise en réseau des individus.

À terme, toute l'économie sera informatique et dominée  par des entreprises numériques, qui capteront l'essentiel de la création de valeur ajoutée dans des chaînes de valeur recomposées.

Comment réussir la transformation numérique en entreprise ?

Il s'agit plus de renaissance que de transformation. Une renaissance au niveau micro- économique de l'entreprise.
Cette renaissance, l'entreprise ne peut la réussir qu'a deux conditions : - si elle sait comprendre le nouveau modèle et l'écosystème qui l'entourent : Internet et ses dérivées, plates-formes, big, small, smart, open data, cloud computing, blockchain, objets connectés, intelligence artificielle, donnent naissance à un phénomène vaste et complexe, générateur d'opportunités et de menaces et - si elle fait preuve d'innovation en matière de leadership, de stratégie et d'organisation.
De nombreux domaines sont impactes, influences, transformés : la technologie évidemment mais aussi l'économie, la macro et la micro économie, les facteurs de production, en particulier le facteur travail, les modes de distribution, la stratégie, le leadership, la sociologie,

La France connaît depuis un demi-siècle une frénésie de réformes appelées politiques de « modernisation ». En réalité les résultats sont pour le moins modestes.

Face à ces blocages, ces défis, ces paradoxes le rôle de l’Atelier Etat plateforme de Forum ATENA prend à mon avis tout son sens.

La disruption, la plateformisation de l’Etat sont nécessaires. Cela revient à comprendre les modèles d’affaires de la troisième révolution industrielle et admettre que ces modèles s’appliquent aussi aux biens non marchands et aux services publics.

En quoi cette troisième révolution industrielle, ayant comme intrant la donnée, est-elle intelligente? Pourquoi et comment elle peut apporter innovation, productivité, croissance ? Quelles en sont les menaces et opportunités? Comment favoriser des intelligences humaines plus larges. Pourquoi comprendre, maîtriser et utiliser l’intelligence artificielle?

L’intelligence économique, version classique et version nouvelle, permet de développer un état d’esprit et une méthodologie indispensables à la relation au nouveau paradigme économique en général et à l’intelligence artificielle, fille de ce paradigme, en particulier.

Il est néanmoins vrai que la réforme des retraites est importante.

Elle concerne un des principaux piliers du pacte social du pays.

La retraite est le premier poste de dépenses de la protection sociale, 339 milliards d’euros en 2018.

Plus de 16 millions de personnes dépendent des régimes de base et complémentaires.

Le système de retraite est le miroir de notre histoire sociale et de la société.

C’est pourquoi y toucher constitue toujours une épreuve.

Peu de réformes concernent autant de personnes à la fois. Tous les actifs, tous les retraités peuvent être impactés.

L’existence de régimes spéciaux ne se justifie pas. Les vrais prolétaires d’aujourd’hui tels que les agriculteurs et les auto entrepreneurs sont exclus du régime actuel.

Un système à point permettrait de prendre en compte les évolutions économiques et démographiques et rétablir une forme d’équité.

L’instauration d’un régime universel à points est un défi majeur que le pays n’avait pas rencontré depuis la Libération. Et encore, à l’époque, le fameux régime général n’avait pas réussi à intégrer les régimes de retraite déjà en vigueur avant la Seconde Guerre mondiale. Les syndicats s’y étaient opposés et avaient même obtenu la suppression de la loi prévoyant la convergence.

Tenter de placer sous les mêmes règles l’ensemble de la population active est donc une véritable révolution. Depuis 1993, ce sujet hante le débat public. La droite libérale avait rêvé à un tel système, en particulier feu le parti UDF créé par Valéry Giscard d’Estaing. La CFDT en est l’avocate depuis des décennies au nom de la modernisation de notre protection sociale et au nom de l’équité.

Pour autant, la réforme de la retraite ne peut être l’alpha et l’oméga de la politique du Gouvernement.

D’autres sujets, d’autres champs d’action publique, d’autres secteurs d’activité nécessitent également des ajustements, des adaptations, des évolutions majeures.

Pour payer des pensions de retraite, il est important d’avoir une économie dynamique, compétitive, prospère.

Tout commence par l’éducation et la formation. Le récent classement PISA a souligné que sans être catastrophique le niveau des élèves étaient moyen et qu’il ne s’améliorait pas.

La refonte de l’Education nationale a été abandonnée de peur de créer un front de conflit avec les syndicats. L’accroissement de l’autonomie des établissements, un renforcement de l’autorité et de la sélection ne sont plus à l’ordre du jour. L’augmentation des rémunérations du personnel enseignant prévue dans le cadre de la réforme des retraites devrait s’accompagner de sa professionnalisation accrue. Face à la digitalisation, face à la nécessité d’améliorer le taux d’emploi des seniors, la formation constitue une priorité.

Les actifs devraient avoir l’obligation de rendez-vous formation réguliers pour évaluer leurs capacités, leurs besoins. La récente réforme de la formation continue va dans le bon sens.

La France, depuis vingt ans, soit une génération, vit avec les 35 heures.

Aucun des grands pays occidentaux n’a fait ce choix.

Le rapport au travail en a été changé. Les entreprises ont effectué une course à la productivité pour en limiter l’impact. Les 35 heures ont contribué également à la stagnation des salaires et à l’essor des micro-entrepreneurs.

Contrairement à quelques préjugés, le partage du travail ne crée pas des emplois.

De même, les départs précoces à la retraite ne favorisent pas l’emploi des jeunes.

Pour créer un choc de compétitivité favorable à la situation du pays, une remise en cause des 35 heures aurait eu un effet bien plus grand que la réforme des retraites.

Une économie compétitive passe par des dépenses publiques efficientes et des prélèvements obligatoires aussi neutres et légers que possibles. La France en se classant numéro un pour les dépenses et les recettes, en Europe, est dans une position défavorable. Le Gouvernement a renoncé à réduire les effectifs de la fonction publique, de réaliser un plan d’économies budgétaires massifs et de réformer les prélèvements.

La refonte des institutions et des collectivités publiques est un chantier à l’arrêt.

La France reste un Etat centralisé, vertical, ce qui la handicape dans la compétition économique moderne. Le passage à un système fédéral donnant plus de pouvoirs aux régions, avec un Parlement composé d’une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire et un Sénat, élu à la proportionnelle, serait une source vivifiante.

La réforme du régime des retraites est certes nécessaire voire inéluctable compte tenu de l’évolution de l’espérance de vie et  de la nécessité absolue d’avoir des régimes équilibrés.

Le problème central du gouvernement réside dans le fait de faire comprendre l’importance d’une mesure de long terme. Il doit s’inspirer plus des pays de l’Europe du nord où la classe politique a la confiance des citoyens. Ceci contraste grandement avec la situation actuelle française où chacun se sent menacé par les projets du gouvernement.

Il faut diversifier le recrutement des hauts fonctionnaires, à faire évoluer leur formation et leur déroulé de carrière.

Quelques écoles françaises, SciencesPo Paris par exemple, fait évoluer son enseignement et mise, grâce à ses écoles d’application sur les compétences des étudiants dans la résolution des problèmes.

Comme l’intelligence artificielle occupera vraisemblablement une place importante dans notre vie future, nous devons garder l’avantage sur l’intelligence émotionnelle, la créativité, les savoirs être. Il est donc nécessaire d’investir ces domaines.

Cette réforme des retraites a bien entendu fait réagir les enseignants. Ils ont obtenu une loi de programmation immédiate d’un montant de 10 milliards d’euros.

Alors que la performance globale de leur profession, à en juger par le classement PISA ou Shangai, reste très médiocre, ils obtiennent en fait des augmentations de salaires.

Après les mesures Jospin du début des années 1990, qui avaient augmenté les salaires (notamment dans l’enseignement primaire) sans aucune contrepartie en termes de productivité ou d’efficacité, une loi Blanquer devrait, là aussi sans la moindre contrepartie, revaloriser largement les salaires pour compenser la réforme des retraites.

Cette mesure d’environ 10 milliards d’euros sera bien évidemment financée par les salariés du secteur privé, qui verront pour leur part leur retraite calculée sur la base de toute leur carrière au lieu des vingt-cinq meilleures années. Une fois de plus, réformer les retraites coûtera cher et les inégalités de traitement s’accroîtront.

Assiste t’on à la renaissance ou à la fin du modèle syndical ?

Aux mouvements de chaque samedi des gilets jaunes qui ont ponctué automne, hiver et printemps derniers, ont succédé des manifestations d’une forme plus traditionnelle.

Avec une distinction entre des syndicats prêts à entrer dans le jeu de la négociation, à améliorer dans l’intérêt des salariés un système de retraites qu’ils sont prêts à cogérer avec les employeurs et une frange syndicale qui malgré une représentativité déclinante jouit d’un pouvoir de nuisance très élevé.

Est-ce bien le retour des syndicats ?

Il y a et il y a toujours eu en France deux conceptions du syndicalisme.

La conception pour laquelle le syndicat était en quelque sorte la courroie de transmission du Parti Communiste et qui avait pour objectif le changement économico-politique, voire le renversement du rapport de forces entre le Capital et le Travail.

Et la conception dite réformiste, qui se voulait « apolitique » et qui s’appliquait essentiellement à obtenir des avantages sociaux plus importants, au fur et à mesure de la croissance et du progrès économique.

D’une certaine manière, ces deux formes sont également déphasées, dépassées et la force du mouvement actuel tient plus du chant du cygne que d’une nouvelle vigueur.

L’action des syndicats à vision partisane et révolutionnaire se concevait dès lors que la grande masse du peuple croyait en un avenir meilleur, reportait ses espoirs sur des « lendemains qui chantent ».

Maintenant ce qui attire les gens dans ces manifestations ce n’est pas tant ce qu’on en attend, ce n’est pas tant la sanctuarisation du modèle progressiste de notre État providence que le besoin d’affirmer un volonté solidaire et commune face à des élites détestées.

Détestées parce que justement elles ne parlent que de productivisme, de richesse, de matérialisme et dans des termes financiers et technocratiques qui ne laissent pas prise à l’appropriation par tous.

Le malaise et les volte-face des syndicats réformistes, qui ont avant tout peur d’être dépassés par leur base, montre bien que cet État social ne fonctionne plus.

Sous couvert de modernisme, le modèle proposé par les élites est considéré comme obsolète par une partie importante de la population.

Ce modèle ne correspond pas à l’ambiance des manifestations du moment.

Et ce qu’on appelle « populisme » montre, dans le monde entier sous les formes de gouvernements extrémistes ou sous forme d’émeutes que le peuple fait, de plus en plus sécession. Les gilets jaunes dans leur effervescence de revendications parfois contradictoires l’ont bien montré.

Les syndicats, en particulier révolutionnaires ne devraient pas se faire d’illusion : ils ne sont pas plus représentatifs en décembre 2019 qu’ils ne l’ont été durant les 18 mois passés.

D’une certaine manière ce que dit la force de la grève à la SNCF et à la RATP, c’est l’immense regret d’un monde qui disparaît : celui dans lequel ces deux entreprises représentaient une communauté de travail : un corporatisme quotidien, dans le travail, mais aussi dans le reste de la vie avec des œuvres sociales dédiées, des centres de vacances, des avantages spécifiques, toutes choses qui façonnaient un modèle au sein duquel il était plaisant et réconfortant de se retrouver.

Les cheminots actuels sont composés d’un actif pour deux retraités.

A la RATP la modernité est incarnée par l’automatisation des lignes qui rendra les grèves inopérantes. Il ne reste de la belle construction corporatiste qu’un système de retraite en faillite. Les revendications pour le maintenir en l’état sont d’autant plus fortes qu’elles sont désespérées, les combats d’arrière-garde sont les plus durs.

Les enseignants aussi manifestent leur nostalgie d’un monde qui disparaît : celui de l’école de la République qui n’est plus qu’une incantation.

Certes les enfants des « bons établissements » continuent d’avoir de bons résultats.

Mais la mission essentielle des enseignants, qui était d’éduquer l’ensemble de la population se heurte à des difficultés insurmontables.

Il est d’ailleurs curieux et même dangereux de voir que syndicats, enseignants et ministre occultent l’essentiel des motifs de crise de l’enseignement : la fin de la croyance dans le pouvoir de l’éducation dans une société où la notion même d’autorité doit être revisitée.

La base enseignante sait que rien de ceci ne se produira dans une grande et énième réforme.

C’est pour cela que les syndicats réformistes ne sont pas plus représentatifs que les syndicats révolutionnaires. Certes ils sont plus raisonnables et obtiennent quelques améliorations.

Mais ils sont juste les gestionnaires sages d’un modèle social dans lequel plus personne n’a confiance et qui ne fait plus rêver personne.

C’est la volonté d’être ensemble qui apporte son énergie aux manifestations désordonnées et non encadrées des gilets jaunes comme aux marches apparemment bien organisées des syndicats.

Ces mouvements qu’ils soient joyeux ou plus désespérés, désordonnés ou plus encadrés traduisent aussi une formidable énergie collective, un besoin de se retrouver, d’échanger, et d’affronter ensemble un monde dont on sait qu’il change, mais qu’il ne s’écroule pas.

D'autres transformations ne seraient-elles pas  plus urgentes et plus utiles pour la France  que la réforme des retraites ?

Il faut être juste le chantier de transformation « Pacte productif pour le plein emploi » a été lancé. C’est une excellente initiative.

Le président de la République avait  annoncé, à l’occasion de la restitution du Grand débat national, un travail de consultation pour bâtir un pacte productif avec les entreprises, les industriels, les agriculteurs, les collectivités locales, les Français et la planète pour atteindre le plein emploi en 2025.

Depuis avril 2019, un travail collaboratif de membres du gouvernement, de fédérations professionnelles, de chefs d’entreprise, d’organisations syndicales,  de corps intermédiaires et d’ associations d’élus locaux  a  permis  de   bâtir ce pacte productif.

Avant de définir cette stratégie collective, il  fallait dresser un diagnostic de l’économie française, comprendre ses atouts, ses faiblesses et prendre conscience des défis auxquels elle doit faire face : les révolutions environnementale et technologique.

La France est peut-être la nation d’Europe qui a le plus d’atouts pour faire face à ces révolutions. Elle a des centres de recherche d’exception, une politique d’innovation ambitieuse, elle montre la voie dans la lutte contre le réchauffement climatique. Depuis 2 ans beaucoup a été fait, mais l’économie française a trois faiblesses structurelles. Notre fiscalité de production est trop élevée par rapport à nos voisins européens.

Elle est sept fois plus élevée qu’en Allemagne et deux fois plus élevée que la moyenne de la zone euro. Notre spécialisation sur les produits et des services de moyenne gamme est mauvaise. Elle ne crée pas suffisamment de valeur pour les industriels et pour les producteurs agricoles. Enfin, en France, le volume global d’heures travaillées en comparaison avec les autres pays du G7 et de l’OCDE est plus faible.

Ces faiblesses ont eu une conséquence directe sur notre industrie. En vingt ans, la part de l’industrie française dans notre économie a décroché alors qu’elle s’est maintenue dans les autres pays européens. La désindustrialisation a accentué les inégalités territoriales en laissant des territoires entiers voir disparaître les usines, les commerces et les habitants. Ces faiblesses nous font aujourd’hui encourir deux risques : un risque de déclassement de notre production et un risque de division territoriale.

Notre pays doit rester une nation de production. Sans production industrielle ou agricole la France ne serait tout simplement plus la France. Notre pays doit réussir dans les échanges internationaux. Notre pays doit compter parmi les pays technologiquement avancés. C’est une question de développement économique mais aussi une question de souveraineté politique. Aujourd’hui, abandonner sa souveraineté technologique c’est abandonner sa souveraineté politique. Les pays qui maîtriseront seuls l’intelligence artificielle ou le stockage d’énergie imposeront leurs règles aux pays dépendants technologiquement.

Geneviève Bouché, Patrice Noailles-Siméon et moi-même étions présents le 15 octobre 2019 à Bercy à l’Hôtel des Ministres pour la présentation de ce « Pacte Productif pour le plein emploi ».

Notre invitation s’explique par le fait que Forum ATENA et le Forum Européen des Politiques d’Innovation avaient été force de proposition dans le cadre du Grand Débat.

Avant, début 2019 en tant que président du Comité économie d’IESF (Ingénieurs Et Scientifiques de France), j’avais proposé comme thème de réflexion et de rédaction d’un ouvrage en cours : « L’industrie française la notion nouvelle, la nécessaire renaissance. »

 L’Europe, qui a inventé l’industrie au XVIIIème siècle, la détruit progressivement.

La France est emblématique de ce déclin avec une chute de 25% de la contribution de l’industrie au PIB en quinze ans et la destruction de 2,5 millions d’emplois en un quart de siècle.

Les organisations doivent apprendre, grâce aux algorithmes, au big data, à l’intelligence artificielle, à capter la puissance de la multitude des individus connectés.

La révolution des intelligences va déconstruire les systèmes massifiés et hiérarchisés. Les élites de la France, et en particulier les ingénieurs et scientifiques, se doivent d’appréhender et favoriser cette troisième révolution industrielle de 1980. L’industrie du XXIème englobe toutes les activités à base de processus normés et informatisés.

Comprendre et surfer sur les transformations technologiques permanentes et rapides est une question de survie.

Joyeux Noel bonnes fêtes de fin d’année.

Auteur: 
Christophe Dubois-Damien - Administrateur et Président de l’Atelier Intelligence Economique de Forum ATENA

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