La blockchain se pose comme un tiers de confiance gratuit et accessible à tous. Elle apporte la confiance dans les relations entre pairs. Des activités telles que celle des notaires ou des banques seraient susceptibles d’être supplantées par la belle mécanique. La justification avancée de ce mouvement de fond est que la blockchain s’appuie sur des algorithmes sophistiqués de chiffrement et un consensus distribué.
La blockchain est une mécanique dotée d’un haut niveau de fiabilité et de sécurité dédiée à l’enregistrement d’écritures, ces écritures pouvant même être des programmes que la blockchain exécute. Mesurons la confiance que peut apporter la blockchain à l’aune de quatre caractéristiques : transparente, immuable, incorruptible et agnostique.
- Transparente car la blockchain est publique. Tous les mouvements sont enregistrés, horodatés et peuvent être surveillés par tous. La blockchain est auditable.
- Immuable car des milliers d’exemplaires sont disséminés sur un réseau de machines en pair à pair, la « bonne » copie étant réputée être celle qui est la plus commune, désignée par consensus. Ainsi les enregistrements ne pourront être ni modifiés ni supprimés tant que la blockchain vivra et la défaillance d’un équipement est sans conséquence. La blockchain est fiable.
- Incorruptible car un astucieux mécanisme chaine les différents blocs d’information élémentaires. La modification d’un bloc quelconque entrainerait la modification de tous les blocs suivants. La blockchain est sécurisée.
- Agnostique, non pas dans le sens premier qui exprime le doute mais dans sa nouvelle acceptation d’indépendance. Les enregistrements dans la blockchain se font automatiquement sans intervention humaine. La blockchain est à la fois quasi gratuite et accessible à chacun.
De telles caractéristiques en font un outil de choix pour une monnaie virtuelle comme le bitcoin. Les transactions sont enregistrées de manière séquentielle et le solde de chaque compte est recalculé en prenant en compte la totalité de l’historique.
Au delà de la monnaie, l’enregistrement indélébile d’une transaction se retrouve également dans le rôle du notaire lors d’une mutation ou celui des banques et de leurs chambres de compensation lors du traitement de virement. Assimiler la blockchain à un tiers de confiance semble dès lors naturel. Est-ce bien justifié ?
Oui et non.
Oui, lorsque les transactions sont internes à la blockchain comme c’est le cas de la monnaie.
En revanche l’affirmation est nettement plus contestable lorsque la transaction fait appel à des éléments externes. On attend d’un tiers de confiance qu’il couvre aussi bien l’enregistrement que le contenu de l’enregistrement. Illustration : j’enregistre la vente d’un terrain sur la blockchain. Parfait, je sais que l’enregistrement ne sera ni modifié ni effacé. J’ai confiance. Mais qui m’assure que le terrain est constructible ? Qu’il n’est pas inondable ? Qu’il n’est pas sur un tracé potentiel d’autoroute ? C’est ce deuxième volet qu’un tiers de confiance se doit de remplir et que ne peut pas remplir la blockchain.
Cette dualité entre garantir la pérennité d’un contrat et garantir le contenu d’un contrat est toujours là avec les « smart contracts », ces programmes que tout le monde peut écrire et exécuter par la blockchain. On peut garantir que le programme ne sera pas modifié, mais on ne peut pas se prononcer sur les « bugs » qu’il pourrait contenir. Les mises à jour sont par définition exclues. Quelle confiance peut-on accorder aux « smart contracts » ? De quelle garantie de résultat dispose-t-on ?
Voilà un tiers de confiance qui n’en fournit que la moitié.
Encore un point qui trouvera peut-être réponse autour de la table ronde gouvernance de l’événement « La blockchain a-t-elle les moyens de ses ambitions ? ». C’est le 05 juillet 2016 à l’ISEP à Issy les Moulineaux et vous pouvez vous inscrire sur ce lien.
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