Difficile d’écrire dans le contexte actuel, et pourtant, il n’est pas question d’accepter de se taire.
Non ! Je ne suis pas terrorisé par le terrorisme et ses actes de barbarie ! Nous ne sommes pas terrorisés. NON, mais certains, dont je suis, peu nombreux semble-t-il, sont soucieux de l’ambiance, de la précipitation, des effets de manches, du manque de recul, du manque de réflexion dans les réactions à l’horreur.
Réagir ? Ou agir ? Ou plutôt réfléchir puis agir.
Les attentats de Charlie et de l'hyperCacher de Vincennes ont été l’occasion de nouvelles lois sur le renseignement, ceux du 13 novembre de la mise en place de l’état d’urgence. Dans les deux cas, l’affaiblissement des libertés, la négation de nos valeurs, l’insuffisance de systèmes de contre-pouvoir est à déplorer, qui pourrait laisser la place à l’arbitraire, demain ou plus tard, et donc au reniement de vos valeurs.
La dernière fois que la France a eu recours à l’État d’urgence, c’était en 1955, et je crois pouvoir dire que la suite, si elle est encore dans nos têtes, devrait nous inciter à la mesure, à la retenue.
La valeur essentielle de notre démocratie est notre liberté, l’expression libre, celle de dire, celle d’entreprendre, de proposer, le débat, l’acceptation de l’autre dans sa différence.
Bien sûr il faut nous défendre, mais dans le cadre de nos valeurs.
Bien sûr les mesures, comme la situation, ne sont pas les mêmes, mais la question est de lutter contre ce mal horrible dans le respect de nos valeurs, en les réaffirmant. Si pour combattre nous devons les renier, quelle est alors la finalité ? Que défendons-nous ? Qui défendons-nous ?
Un pouvoir en place, un système, des hommes ? Ou des principes, des valeurs, une société dans sa diversité, sa richesse, sa complexité.
Le monde change, il évolue. Ici nous débattons du numérique, qui est un monde d’ouverture, de transparence, de nouveau possible, il est Open, fluide, interconnecté, avec tous les problèmes que cela pose à ce monde d’hier, avec toutes les difficultés à imaginer cette nouvelle société, demain.
C’est toujours difficile de faire évoluer une société, un collectif que nous avons construit pas à pas, ensemble, difficilement, parce que c’est difficile de faire ensemble.
Si c’est à ce monde de liberté, d’ouverture que nous aspirons, alors il faut nous poser la question du moment présent, de la direction à prendre : la finalité ET les moyens. L’un ne va pas sans l’autre, les moyens choisis indiquent dès maintenant, trop clairement, la finalité.
Rien n’est perdu, prenons le temps de la réflexion, contrôlons notre peur, faisons toute sa place à la réflexion, ensemble, contrôlons nos réactions, parlons, l’enjeu est de taille.
Un Homme, ça s’empêche (Albert Camus).
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Où sont nos valeurs ?