Quelle année ! Mais ne parlons que du secteur du numérique, l’année se termine de façon bien curieuse, et fait la part belle à des informations majeures, et aussi à des bruits, nombreux, des plus vraisemblables aux plus fantaisistes. Quelques exemples :
- un récent jugement de la Cour de cassation remet en cause le principe de la propriété du génie civil d’Orange (là où passe les câbles, sous la voirie, ou en aérien). Le 9 décembre, la Cour a estimé que les collectivités territoriales qui pourraient démontrer qu’elles ont financé et assuré la maîtrise d’ouvrage d’infrastructures de génie civile avant 1997 pourraient en reprendre la propriété ! Rien moins que ça ! Pas toujours facile à démontrer, mais cela relance le débat sur la réalité d’une concurrence équitable du marché, alors qu’un des compétiteurs, dominant le marché, Orange possède seul ces infrastructures essentielles d’accès fixes, non reproductibles.
- Vivendi (ancien propriétaire de SFR) entre au capital de Télécom Italia, pour se constituer une monnaie d’échange face à Orange
- Niels (Free) aussi, pour ne pas être en reste ?
- Orange rachète Bouygues (ou le contraire ?)
- Dans le même temps, Orange est condamné par l’Autorité de la concurrence pour concurrence déloyale sur le marché des entreprises (350 millions d’euros).
- C’est tout ? Non ! Le prix du dégroupage est en question, l’ARCEP propose de l’augmenter. Au profil de qui ? Des collectivités qui investiraient dans la fibre ? Je n’ai pas la réponse ! Et vous ? (Dégroupage = location des paires téléphoniques cuivre, qui permet à SFR, Bouygues Tel et Free de produire l’ADSL sur l’infrastructure d’Orange).
- Et encore : L’Europe avance enfin sur l’encadrement de la protection des données personnelles, les sociétés qui exploitent les données personnelles seront plus particulièrement encadrées.
- Le gouvernement met en débat une « Loi Numérique », si le résultat est faillible, la méthode est à saluer bien bas.
Pas de doute, ça bouge ! Si tous ces signes ne font pas un mouvement coordonné, ils sont tout de même la démonstration de la vivacité du secteur et - pour une bonne part - de la volonté d’y faire régner plus d’équité.
Acteurs privés, acteurs publics, régulateurs, politiques : tous s’interrogent sur les réglages du monde numérique qu’il nous faut construire, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Souhaitons que 2016 voit tous ces dossiers se concrétiser dans le sens de l’ouverture, de la concurrence, de l’équité entre acteurs et de la dynamisation du secteur.
Pour finir l’année, cette réflexion d’Isaac Newton : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts ».
Bonne fin d’année, et à l’année prochaine, je vous attendrais le 21 janvier à l’ISEP pour un premier vrai grand débat sur l’économie du numérique. Inscrivez-vous !