Ceci n’est pas un compte-rendu des deux si intéressantes tables rondes du colloque annuel qui présentait le MBA spécialisé « Management de la sécurité » de l’EOGN, Ecole des officiers de la gendarmerie nationale, tenues à l’Ecole militaire le lundi 11 janvier 2016, juste un florilège de bons mots sortis par les intervenants. Peut-être ai-je parfois trahi ce que les intervenants ont voulu dire, ou ce que j'ai compris qu'ils avaient voulu dire, ou ce qu'ils ont dit mais pas dans le sens où je l'ai compris. Ces phrases sont forcément parfois ici exposées hors de leur contexte mais ça les rend encore plus croustillantes.
Table ronde 1 - Comprendre, défendre et agir contre le terrorisme
Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM, sur le thème « Qui sont les ennemis ? »
- Je vous adresse mes vœux de meilleure année…
- Je n’apprends pas aux experts à faire leur métier, mais à mieux faire leur métier
- La France a une longue expérience du terrorisme, elle a même inventé le mot
- Le terrorisme est l’art de faire la guerre par d’autres moyens
- L’affaire Mohamed Merah est un mystère qui n’a surpris personne
- En 1995, on savait presque tout et on n’a pas compris
- Mettre le plus de monde possible pour faire des attentats est une assurance contre l’échec
- Dans le contre-espionnage, domaine du temps long, on se tait, dans l’antiterrorisme, domaine du temps court, on communique
- De Gaulle disait que le terrorisme n’est pas un début d’incompréhension mais un début d’inculture
- Le temps de Paris n’est pas le temps du désert
- On a deux oreilles mais on a aussi une webcam
- Il faut connecter le cerveau aux oreilles
- Si on ne communiquait pas quand on est un terroriste, pourquoi le serait-on ?
- Les ennemis de nos ennemis sont nos ennemis (exemple de la Syrie)
- Les amis de nos amis ne sont pas nos amis (notion du djihadiste qui apparaitrait comme sympathique)
Pr Pascal Chaigneau, Paris V Sorbonne, HEC sur le thème « Le contexte géostratégique »
- En Afrique, la France est le pays qui pose problème aux terroristes, c’est un acteur qui perturbe et donc c’est une cible prioritaire
- 80% des problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sont que le résultat des idées que nous pensions géniales
- Ce n’est pas parce que quelque chose est souhaitable qu’elle est possible (Alexis de Tocqueville)
- Le 20eme siècle a été celui de l’idéologie, le 21eme siècle sera celui des religions (André Malraux)
- Les fins de mois du régime Assad sont payées par le Chinois.
- Sans la complaisance du Turc autocrate, il n’y aurait pas de débouchés économiques pour l’Etat Islamique
- Nous devons nous formater sur le temps long
- Quand en politique il y a urgence, c’est qu’il est déjà trop tard (Winston Churchill)
LTC Sébastien Forja, Gendarmerie nationale, GIGN sur le thème « Comprendre les modes opératoires pour mieux les combattre »
- On a à faire ni à des fous, ni à des débiles, ni à des drogués
- On n’est pas dans le domaine du débile avec qui on peut négocier
- Une kalachnikov, en France, c’est quelques centaines d’euros, c’est finalement les cartouches qui coûtent cher
- Nous aimons la mort comme vous aimez votre vie (affiche de propagande de Daech)
Table ronde 2 - Terrorisme 2.0 : le droit et le virtuel
Frédéric Debove, Paris II Panthéon Assas sur le thème « Le terrorisme à la jointure du droit et des codes »
- Qualifier une affaire de « terrorisme » est difficile car le terrorisme est une notion insaisissable et capricieuse
- Une infraction terroriste est différente d’une infraction politique ou de la grande criminalité
- Il faudrait définir la notion d’entreprise terroriste individuelle où le malfaiteur est dans une association de terroristes mais où il est seul
- Le droit pénal qui a été longtemps la seule réponse possible est concurrencé aujourd’hui par le droit administratif, mais qui pose le problème sécurité versus liberté
Dr Rémy Février, Paris 2 Panthéon Assas sur le thème « Le terrorisme et l’arme numérique »
- Un universitaire ne se trompe jamais, il n’émet que des opinions hautement contestables
- Un universitaire est quelqu’un qui s’inquiète quand il est compris
- Daech n’est pas une poignée d’abrutis qui manipule d’autres abrutis à distance
Pr David Naccache, professeur à Normale Sup sur le thème « Prévention du terrorisme, quelles directions de recherche ? »
- Exemple de prédiction fausse : Une dinde peut penser que l’homme est fait pour la nourrir, … jusqu’aux fêtes de Noël
- Une feuille de papier résiste bien à la traction car la résistance est répartie sur toute la surface, sauf quand elle présente une déchirure car alors elle s’effondre. C’est la tactique des terroristes : « ouvrir des brèches ».
Pr Véronique Chanut, Paris II Panthéon Assas sur le thème « Face au terrorisme, quelles compétences, quelles expertises ?
- Les menaces n’ont pas changé de nature mais ont changé d’ampleur
- Les meilleurs pour comprendre les problèmes des DRH, face au terrorisme sont les experts de la supply chain et de la logistique car ils ont une vision systémique
Général Philippe Mazy qui conclut le colloque, en remplacement du général Denis Favier
Même si les terroristes essaient de retrouver le moyen âge, ils mettent en œuvre les technologies les plus modernes du numérique
Je vous souhaite une année 2016 lumineuse et loin de l’obscurantisme de 2015
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