Le Mot du Président

Dans un récent communiqué, l’ARCEP déclare vouloir intervenir sur l’état du déploiement de la 4G, en mettant sous « surveillance rapprochée » les déploiements de Bouygues Telecom et de SFR en zones peu denses.
Certes, il est important que le régulateur joue pleinement son rôle et surveille les engagements pris par les opérateurs, afin de vérifier que le SERVICE est bien disponible sur les territoires attendus, et pour les populations concernées.
Les opérateurs titulaires de fréquences 4G en bande 800 MHz (Orange, Bouygues Telecom et SFR) sont en effet tenus de couvrir, d'ici le 17 janvier 2017, avec la bande 800 MHz, 40% de la population de la zone peu dense.

Mais le diable est dans les détails, et c’est là que les choses sont pour le moins paradoxales :
Bouygues est au coude à coude avec Orange sur la couverture en 4G de l’ensemble du territoire, avec plus de 75 % de la population française couverte en 4G, et un objectif déclaré de 82% de couverture pour la fin de l'année 2016 !
Comment Bouygues peut-il être dans le collimateur de l’ARCEP avec de tels chiffres ?
C’est que la mesure du régulateur est faite avec la seule fréquence 800 MHz, alors que Bouygues Telecom a déployé principalement avec la bande de fréquence 1800 MHz, après en avoir obtenu l’autorisation par l’ARCEP, et moins avec le 800 MHz et le 2600 MHz,.
Au lieu de poser le problème de la couverture du service de la Data sur un territoire et une population, le contrôle portera sur l’utilisation de telle ou telle fréquence, et du respect des engagements pris au moment de la délivrance de la licence.
Et l’on retrouve à nouveau la problématique de la régulation par l’incitation au développement d’infrastructure, et non pas de la liberté des acteurs d’atteindre un résultat en terme de service, par les moyens qu’ils leur semblent les plus appropriés, l’important devant être le résultat pour le consommateur !
Le résultat ne devrait-il pas être mesuré en termes de qualité du service voix, et pour la data du débit disponible ?  Pour n clients simultanément sur une zone donnée du territoire ?
Ces chicaneries ne sont pas du niveau du régulateur sectoriel, et s’il y est contraint, c’est bien parce qu’il n’a pas l’autonomie suffisante pour analyser le marché dans sa globalité, et pas les moyens de prendre des initiatives quand il constate des dysfonctionnements.
Au lieu de laisser chaque acteur déterminer sa stratégie sur son marché, les règles françaises et européennes imposent de faire des investissements, à l’identique pour tous les acteurs, mêmes, et y compris s’ils ne sont pas efficaces ! Et en toute logique, l’Autorité est chargée de contrôler qu’ils les ont bien faits.
Pour finir, faisons remarquer que le contrôle est réalisé sur la couverture : « La fréquence couvre-t-elle le territoire ? » On ne vérifie pas la disponibilité d’un certain niveau de débit sur la zone !
Espérons que les choses changent rapidement, car les débits réels disponibles, chez les uns comme chez les autres, ne sont pas ceux attendus par les consommateurs, là est l’important, et qu’importe avec quelle(s) fréquence(s). Quand mon smartphone se connecte pour afficher une page web, ou regarder une vidéo, je ne regarde pas quelle est la fréquence qu’il utilise, j’évalue et apprécie la rapidité, la fluidité, la constance du service ! Pas vous ?

 
 

< Revenir à la newsletter

Auteur: 
Philippe Recouppé, Président de Forum ATENA

Ajouter un commentaire

Full HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Vous pouvez utiliser du code PHP. Vous devrez inclure les tags <?php ?>.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <cite> <blockquote> <code> <ul> <ol> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.